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Le journal de Mamaours
14 octobre 2013

J'ai le droit de me sentir fatiguée

Depuis que je suis gamine, j'entends que les gens sont feignants, qu'ils se plaignent sans arrêt, qu'ils ne savent pas ce que c'est que de travailler. J'entends aussi, lorsque j'ai mal quelque part, que ça passera, que ce n'est rien, que j'exagère ou que j'ai toujours "un pet de travers".

En ce moment, je fais face à une grande fatigue, Mininourson rentre dans une phase d'affirmation de lui, il est en opposition à tout ce qu'il n'a pas choisi lui-même (se préparer pour sortir, se mettre en pyjama, aller dans telle direction, partir, etc.) et je puise toute mon énergie à rester bienveillante, à ne pas utiliser la force ni la peur pour qu'il agisse dans mon sens, à ne pas le faire "obéir" comme un petit soldat craintif. Mon éducation n'allait pas forcément dans ce sens, c'est épuisant pour moi de toujours être en opposition avec des réflexes, passer du temps à expliquer, parler, argumenter, écouter, mettre des mots sur ce qu'il ressent, sur ce que je ressens, nos besoins, et d'arriver à un compromis, même si cela veut dire accepter qu'il exprime sa frustration, ou renoncer à mon objectif et relativiser. De plus, Mininourson ne s'est jamais endormi très tôt, mais en ce moment, il ne rejoint pas les bras de Morphée avant minuit. Autant dire que je suis «de service» non-stop, jour et nuit, excépté une pause d'une heure trente environ le midi, de quoi préparer le repas et ranger un peu. Papapanda prend le relai le soir concernant le repas et pour occuper quelque peu notre petit bout, mais tout ce qui concerne l'organisation, regarder l'heure, gérer l'enchainement de ce qu'il reste à faire, tout cela reste à ma charge. Un rhum qui dure un peu, le froid qui revient, et la fatigue se pointe... et reste.

La fatigue et la déprime. Mais pourquoi la déprime ? Parce que je me sens coupable, coupable de me plaindre, coupable d'être fatiguée alors que je "ne travaille pas". Car oui, s'occuper d'un enfant 24h/24 en restant à la maison, en faisant des activités avec lui, en travaillant pour une asso, en m'occupant de la maison, ce n'est pas du travail. Un travail, c'est rémunéré, ce sont des impératifs clients, patronaux, c'est un réveil à 6h du matin. Pour beaucoup de personnes, ce que je fais, ce n'est tout simplement rien. Il y a quelques jours, lors d'un repas d'anniversaire un dimanche chez des personnes, le père de famille demande : «et qui travaille lundi ?» Quelques «moi» par-ci et par-là, «Eh bien ça ne va pas être facile pour vous», et puis je lâche, un peu en retard mon «moi aussi je travaille» et là, des regards amusés comme si je venais de sortir la dernière blague. Hahaha, une femme au foyer ne travail pas, voyons, quelle naïve je fais...

Donc oui, je suis fatigué, mais à ce moment-là, je me sentais encore coupable d'imaginer que je puisse l'être, et encore plus de le dire. Rien ne s'est arrangé, j'en suis même venu à craquer, pleurer de raz le bol, de cette fatigue et de cette culpabilité qui n'arrangeait rien. Et puis j'ai dit stop, j'ai le droit d'être fatiguée, si je ressens la fatigue, c'est que je le suis, point ! Je n'invente rien, je ne cherche pas à ce que l'on me plaigne, je veux juste être considérée, et accompagner dans une période difficile qui ne tardera pas, j'en suis sûre, à disparaître.

J'ai donc accepté d'en parler à des amies, à Papapanda, et de recevoir leurs gentilles paroles qui m'ont donné beaucoup de courage, car je me sentais enfin comprise et accompagnée. J'ai repris les choses en main, j'ai changé le rituel du dodo (Mininourson se couche désormais entre 21h30 et 22h !!!) et j'ai pu relâcher la pression.
Et comme prévu, depuis, la fatigue est partie et j'ai repris pied. Un petit passage qui m'aura permis de comprendre de nouvelles choses sur moi et de m'accepter un peu plus.

 

fatigue

Merci Papapanda, merci Tatasorcière <3

 

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Commentaires
L
Bonjour Mamaours !<br /> <br /> Je comprends tout à fait ton sentiment, et il y a peu, j'ai eu aussi un gros gros coup de fatigue. La période où les petits s'affirme, le "terrible two", comme on dit, teste les limites de l'éducation bienveillante et met notre patiente en péril. C'est extrêmement fatiguant de rester calme, d'expliquer, de câliner, comprendre... Et parfois, malgré toute notre bonne volonté, on se sent complètement nulle parce que rien de ce que l'on a essayé n'a fonctionné (refus de sieste, refus de manger, refus de jeu, refus de bain... bref, une bonne journée!).<br /> <br /> Je pense que c'est encore plus dur quand on ne sait pas dire que ça ne va pas, quand on est pas écoutée, quand on est pas comprise... Tu as de la chance d'avoir un compagnon qui te soutien mais pour ce qui est de l'entourage... J'ai déjà entendu de la part de couple sans enfant m'expliquer qu'ils ne comprenaient pas les femmes au foyer qui se plaignent de fatigue alors qu'elles ont toute la journée pour se reposer... o_O Je n'ai même pas su quoi répondre. C'est dur et ingrat, c'est clair.<br /> <br /> Je te souhaite beaucoup de courage pour tous ces moments difficiles et même si ce n'est pas grand chose, je soutiens tes choix éducatifs et j'admire ton mode de vie.
M
Bonjour,<br /> <br /> Je découvre ton blog et ce billet me parle beaucoup. J'ai deux enfants (27 mois et 11mois) dont je m'occupe à plein temps et c'est un sacré boulot (sans même parler de la logistique annexe) alors quand on me dit que je ne fais rien ça me hérisse...<br /> <br /> Heureusement mon amoureux sait bien ce que ça représente!
M
Bonjour,<br /> <br /> Je découvre ton blog et ce billet me parle beaucoup. J'ai deux enfants (27 mois et 11mois) dont je m'occupe à plein temps et c'est un sacré boulot (sans même parler de la logistique annexe) alors quand on me dit que je ne fais rien ça me hérisse...<br /> <br /> Heureusement mon amoureux sait bien ce que ça représente!
È
Une assistante maternelle travaille, non ?<br /> <br /> Ça peut être une petite pique qui fait réfléchir :D<br /> <br /> <br /> <br /> 100% d'accord avec toi ceci dit : c'est un travail de s'occuper de ses enfants. Surtout si on veut faire les choses bien : sans les dresser, sans les abrutir devant la tv...
N
Comme je te comprends :-) il m'a fallu beaucoup de temps et de communication avec le papa pour qu'il comprenne que je n'étais pas en "congé" de maternité mais que j'étais occupée du matin au soir avec le petit et qu'en plus je devais m'occuper de lui, de son linge, de sa nourriture, de ses vagues à l'âme... et que je n'en pouvais plus... mon docteur m'a mise en repos forcé et m'a suggéré de me mettre "en grève" avec le papa si celui-ci ne voulait pas m'aider.<br /> <br /> Je suis un peu fachée contre lui mais en même temps il avait le "retour" de sa mère (qui me déteste) qui lui disait que j'exagérais, qu'un enfant c'est du travail mais qu'elle avait toujours tout fait à la maison et que je m'écoutais beaucoup...<br /> <br /> Je ne comprendrai jamais pourquoi nous avons encore moins de soutien de la part de personne ayant vécu la même situation (esprit de vengeance, envie de valoriser sa propre "force"...)... à moins que les femmes de ma famille sont toutes des superwomans et moi une superzéro (je n'y crois pas :-) mais j'ai fait comme toi le choix d'une éducation non-violente, axée sur l'enfant, son ressenti, ses émotions à vivre et non à refouler... bref tout le contraire de ma mère et de ma belle-mère qui me le font chèrement payer.<br /> <br /> <br /> <br /> Je te souhaite une bonne continuation et j'ai hâte de te lire à nouveau.
Le journal de Mamaours
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