De l'argent pour des cadeaux

Les périodes de Noël arrivent. Au fil des ans, j'étais de moins en moins concernée par les achats de Noël, m'y prenant très en avance pour éviter la cohue et les prix exorbitants, je n'étais plus trop emballée par les choix des cadeaux, mais sans avoir de meilleures idées, et souvent, ne donnant qu'un billet en guise de participation. Je ne me posais pas plus de question que cela, tout le monde semblait content de ses acquisitions, je me disais que mon billet avait surement participé à tout ceci.

Mais cette année, je suis confrontée à tout autre chose. Déjà, nos moyens ne sont plus les mêmes, et donner un billet, où même une pièce pour un achat est devenu un acte réfléchi : «A-t-on réellement besoin de cela ?», «Doit-on forcément l'acheter neuf ?»,... Le peu que nous arrivons à mettre de coté va sur un compte pour Mininourson, et pour «au cas où». Et tout cela associé à notre prise de conscience de la consommation à outrance, de la pollution, de l'envie d'avoir toujours plus et plus gros, plus cher.

Pour ce Noël, j'avais donc prévu quelque chose de plus raisonnable : faire nos cadeaux nous-même et passer un peu de mon temps à l'élaboration de petites choses faites maison, au lieu de trainer internet ou les magasins. C'était bien plus en accord avec mon porte-monnaie et notre idée de simplicité volontaire, mais la chose que j'ai découverte, c'est la joie de mettre un peu de moi dans ses cadeaux. Des petits savons et bientôt des petits chocolats, que nous comptons emballer soigneusement.  Tout allait bien dans ma tête, dans ma petite utopie, jusqu'à ce qu'un coup de fil vienne me rappeler la réalité. Au téléphone, on me récapitule quel cadeau de Noël, à qui, combien, tout cela c'est enchainé si vite que j'ai eu du mal à comprendre pourquoi ça me paraissait si loin de ce que j'imaginais de ce Noël. Puis j'ai compris : des idées de cadeaux qui ne venaient pas de moi, rien ne viendrait de moi à part ce fameux billet qui me rassurait avant. Aucun de ces achats n'allait être fait en accord avec les idées que je commence à trouver importantes. Rien de local, rien d'artisanal, rien d'occasion. Certains qui polluent, d'autres complètement inutiles qui se retrouveront dans un placard à prendre la poussière, et tout cela en remplissant les poches de grosses multinationales exploitant leurs travailleurs asiatiques. Et quand le cadeau me paraissait une bonne idée, il y avait encore la barrière du prix. Et quel intérêt d'aller mettre 10€ sur un cadeau qui en vaux 300... Heureusement, j'ai une famille compréhensive, chez nous, on fait avec les moyens qu'on a. Mais je ne suis pas sûre qu'avec plus de moyens, j'aurais davantage souhaité participer à ces cadeaux made in china... Durant ce coup de téléphone, on m'a dit quelque chose qui m'a interpelé : «C'est pas grave, offre tes petits savons, et quand tu auras plus d'argent tu pourras faire des vrais cadeaux». Cette phrase partait d'un très bon sentiment, mais ce terme de vrais cadeaux m'a fait prendre conscience que dans notre société, un cadeau était quelque chose qui avait forcément un prix, quelque chose d'acheté, quelque chose de neuf et de gros. Et comme me dit le Papapanda, si j'offre un savon, ce n'est pas du temps, du fait main, et de l'amour d'avoir fait moi-même que j'offre, mais une chose qui a un prix (1,05€ les 3 savons discount chez Carrouf...), la société de consommation est ainsi.

Je me souviens que depuis longtemps, ma tante fait ses cadeaux à part, toujours des choses faites maison ou achetées à des artisans ou à des amis. On a toujours mis ça sur le compte de son petit budget, mais je pense que malgré cela, c'est aussi un choix de consommation réfléchie. Nous sommes tous à nous plaindre que les entreprises délocalisent, qu'il y a du chômage ou que nos vêtements sont remplis de produits toxiques, mais par contre on veut du gros et du plein les yeux pour les cadeaux de Noël, et de préférence du made in china pour ne pas payer trop cher... Bref, j'ai toujours trouvé les cadeaux de ma tante bizarres, même si souvent très joli et remplis de je-ne-sais-quoi. Maintenant je comprends, ce je-ne-sais-quoi c'était ça le vrai et je crois que maintenant, ce sont mes cadeaux qui seront bizarres. Vous l'aurez compris, je ne vivrai pas ce Noël comme les autres années. Avec le panda, on se dirige vers la simplicité volontaire, petit à petit, et jusque-là nous ne nous étions jamais confrontés à ces moments d'obligation de consommation. C'est chose faite, et même si je regrette de ne pas avoir un peu d'argent pour aider aux cadeaux qui me semblent être une bonne idée, je suis tout de même contente que nos choix puissent être respectés, même s'ils ne sont pas forcément compris. Pour moi, mes cadeaux made in ma maison seront des vrais cadeaux.

Comments

[clo]

Oh combien je vous rejoins! Cela fait plusieurs années que j'essaie qu'il y ait - au moins pour nos enfants et nos nombreux filleuls - un cadeau fait main ou un cadeau immateriel (du temps ensemble) Lorsque je fabrique des cadeaux pour mes proches je pense à eux tout le temps du processus j'y mets ce qui j'espère va leur plaire vraiment et je trouve ca bien plus grand qu'un cadeau acheté vite fait et fabriqué en chine!

Pour les grands je trouve ca plus dur et puis c'est vrai que j'ai tendance à sous estimer leur valeur...