Depuis que je suis gamine, j'entends que les gens sont feignants, qu'ils se plaignent sans arrêt, qu'ils ne savent pas ce que c'est que de travailler. J'entends aussi, lorsque j'ai mal quelque part, que ça passera, que ce n'est rien, que j'exagère ou que j'ai toujours "un pet de travers".
En ce moment, je fais face à une grande fatigue, Mininourson rentre dans une phase d'affirmation de lui, il est en opposition à tout ce qu'il n'a pas choisi lui-même (se préparer pour sortir, se mettre en pyjama, aller dans telle direction, partir, etc.) et je puise toute mon énergie à rester bienveillante, à ne pas utiliser la force ni la peur pour qu'il agisse dans mon sens, à ne pas le faire "obéir" comme un petit soldat craintif. Mon éducation n'allait pas forcément dans ce sens, c'est épuisant pour moi de toujours être en opposition avec des réflexes, passer du temps à expliquer, parler, argumenter, écouter, mettre des mots sur ce qu'il ressent, sur ce que je ressens, nos besoins, et d'arriver à un compromis, même si cela veut dire accepter qu'il exprime sa frustration, ou renoncer à mon objectif et relativiser. De plus, Mininourson ne s'est jamais endormi très tôt, mais en ce moment, il ne rejoint pas les bras de Morphée avant minuit. Autant dire que je suis «de service» non-stop, jour et nuit, excépté une pause d'une heure trente environ le midi, de quoi préparer le repas et ranger un peu. Papapanda prend le relai le soir concernant le repas et pour occuper quelque peu notre petit bout, mais tout ce qui concerne l'organisation, regarder l'heure, gérer l'enchainement de ce qu'il reste à faire, tout cela reste à ma charge. Un rhum qui dure un peu, le froid qui revient, et la fatigue se pointe... et reste.
La fatigue et la déprime. Mais pourquoi la déprime ? Parce que je me sens coupable, coupable de me plaindre, coupable d'être fatiguée alors que je "ne travaille pas". Car oui, s'occuper d'un enfant 24h/24 en restant à la maison, en faisant des activités avec lui, en travaillant pour une asso, en m'occupant de la maison, ce n'est pas du travail. Un travail, c'est rémunéré, ce sont des impératifs clients, patronaux, c'est un réveil à 6h du matin. Pour beaucoup de personnes, ce que je fais, ce n'est tout simplement rien. Il y a quelques jours, lors d'un repas d'anniversaire un dimanche chez des personnes, le père de famille demande : «et qui travaille lundi ?» Quelques «moi» par-ci et par-là, «Eh bien ça ne va pas être facile pour vous», et puis je lâche, un peu en retard mon «moi aussi je travaille» et là, des regards amusés comme si je venais de sortir la dernière blague. Hahaha, une femme au foyer ne travail pas, voyons, quelle naïve je fais...
Donc oui, je suis fatigué, mais à ce moment-là, je me sentais encore coupable d'imaginer que je puisse l'être, et encore plus de le dire. Rien ne s'est arrangé, j'en suis même venu à craquer, pleurer de raz le bol, de cette fatigue et de cette culpabilité qui n'arrangeait rien. Et puis j'ai dit stop, j'ai le droit d'être fatiguée, si je ressens la fatigue, c'est que je le suis, point ! Je n'invente rien, je ne cherche pas à ce que l'on me plaigne, je veux juste être considérée, et accompagner dans une période difficile qui ne tardera pas, j'en suis sûre, à disparaître.
J'ai donc accepté d'en parler à des amies, à Papapanda, et de recevoir leurs gentilles paroles qui m'ont donné beaucoup de courage, car je me sentais enfin comprise et accompagnée. J'ai repris les choses en main, j'ai changé le rituel du dodo (Mininourson se couche désormais entre 21h30 et 22h !!!) et j'ai pu relâcher la pression.
Et comme prévu, depuis, la fatigue est partie et j'ai repris pied. Un petit passage qui m'aura permis de comprendre de nouvelles choses sur moi et de m'accepter un peu plus.
Merci Papapanda, merci Tatasorcière <3